Au pays des petits hommes verts

En fait, je vous donnerai des nouvelles d'ici quand j'aurai la motivation pour en donner, mais en résumé, tout va bien.

En voilà une qui parle pour ne rien dire...

Salut Virginie, je ne connais pas le pays de hommes verts, mais tu devrais aller assiter un match à Lansdown Road, le stade mythique de Dublin, parait-il qu'il y a une grande ferveur populaire.

Enfin peut être ce n'est pas assez folklo pour toi...



bon bisous a toi take care

ben disons que dublin est un peu loin de belfast, et pis si, le sport c'est folklo! mais qui sait, peut etre qu'un jour, j'irai voir un match a belfast, meme si je ne suis pas tres fan de sport. on verra bien!

et fallais aussi que je vous dise un truc: 10 jours en irlande, et toujours pas une goutte de pluie...

Ah ma chère ici, question témpérature on est pas gaté, ça oscille entre -4 et 5 degrés, et bien humide mdr.

Sinon bin j'espere que les brésiliens vont nous envoyé des coups de soleil

t'inquiètes gros du soleil y'en a tellement ici que je vais t'en envoyer au taquet!!!
yes bon ben ça y est j'ai un petit moment pour profiter du net donc je vais te filer des news en speed!! Bon ben pas de surprise hein au top, la grande classe nestor, que du bon, la meuf c'est au top on est tout lov, on viens de se tapper trois jours de plage j'ai pris mon premie bronze. J'ai déjà fais des contacat à la fac pour m'inscruster `la malandro t'inquietes, et je suis aussi en relatoin direct avec le MST pour la recherche et pour le projet de macunaïma en bref que du bon quand j'ai plus de temps je réécris mais là ...prends soin de toi et déconnes pas gros!!

et surtout vive la vie d'anthropologue faite de privations et d'ascetisme... des bises à ta douce gros. à bientot

de la bombe de balle ici!

depuis jeudi, j'ai mon bureau à moi et mon ordi à l'Institute of Irish studie de l'université, et le directeur veut absolument superviser ma thèse si je continue sur la saint Patrick. Que du bonheur quoi... Demain matin, j'ai rencard avec le représentant du Sinn Fein au City Council, et l'aprem, avec le président du comité d'organisation de la saint patrick pour la ville de belfast. et puis bien sur, guiness, pubs en tous genres, et toujours pas de pluie. et je vous le dis, les Irlandais n'aiment que les blondes, je suis grillée!

Ola les amis,

bon moi c'est pas cool, un petit soucis avec mon visas, et une grippe, 4 jous que j'ai 39 de fièvre, alors je pars un petit peu plus tard, mais j'ai hate!!

Alex fait gaffe au soleil, et fait pas de connerie gros.

Bon "terrain" à tous et à plus

Pauvre petite mathilde... Desolee pour toi, j'espere que ton visa va arriver vite, et pis meme si t'es encore malade, tu verras, -40 degres ca tue tous les vilains microbes.

Moi, j'ai la flemme de vous raconter ma vie, mais vous allez voir, un de ces jours je vais vous pondre un pave de la mort qui tue.

bises a tous

Super chouette extra fou, Virginie !
Courage, Mathylde !

Je vous raconterai moi aussi ce qu'il m'arrive dans la jungle DOUAstique, étrange contrée bétonnée pleine de sympatiques scientifiques plus ou moins sauvages. (Ouf, pas besoin de visa )

Et voilà, plus que trois jours avant la saint patrick tant attendue, et il se passe... rien! et oui, le City Council a décidé de prendre les choses en main, et du coup les gens se sentent complètement désimpliqués, la façon dont le comité mandaté par la ville fait les choses les déçoit beaucoup, et du coup, pouf, on se laisse aller, on se laisse tirer par les évènements, on suit la masse, sans plus. Les community centres on carrément baissé les bras, les gens ne veulent même pas aller à la parade prévue dans le centre ville vendredi aprem.

Et moi, je me retrouve à me balancer entre deux types de discours, les mêmes personnes me disent à la fois que c'est très bien, que la saint patrick doit etre inclusive pour intégrer à la fois catholiques et protestant, et en même temps que ça ne leur convient pas, qu'on ne peut pas interdire comme ça les symboles nationalistes pour la parade, et que du coup ils iront à dublin ou qu'ils resteront simplement chez eux après la messe.

A noter d'ailleurs que le gouvernement fait des trucs assez fun: d'abord, ils veulent faire de la saint patrick une fête intégrative, qui soit appropriée à la fois par les catholiques et les protestants, mais seules les institutions catholiques sont en vacances ce jour là, notamment les écoles, et les petits protestants iront en classe comme d'habitude. comment veulent-ils les intégrer à la saint Patrick? bonne question... et puis aussi, dans les centres communautaires, on fait fabriquer des marionnettes en forme de moutons aux enfants, pasque les marionnettes qui représentent saint patrick sont trop connotés: les moutons sont donc moins nationalistes que saint patrick lui-même, y compris le jour de sa fête. Et puis, comme les drapeaux irlandais et britanniques sont interdits lors de la parade, ils ont décidé que les seuls autorisés seraient le shamrock (pas vert, mais multicolore, pasque même quand les trèfles poussent verts dans la nature, ils sont encore trop nationalistes) et la croix de saint patrick. Le city council a donc demandé à tout le monde de porter un croix rouge sur un fond bleu, mais ça, c'est la croix de saint andrew, saint patron de l'écosse. Ils ne sont même pas foutus de savoir que la croix de saint Patrick, elle est sur fond blanc, alors qu'elle est présente partout en Ulster!

Ah oui, j'oubliais, ils ont donc fait des tshirts "officiels", pour éviter que les tshirts des équipes de foot gaéllique, ou ceux avec des symboles nationalistes dessus ne choquent les protestants. et ils ont trouvé le moyen de faire des tshirts verts, couleur des catholiques nationalistes (Ok, c'est aussi la couleur des trèfles, mais eux ils poussent vraiment verts!).

est-ce que je me fais des idées, ou bien en voulant éviter de heurter qui que ce soit, ils sont en train de mettre en place une nouvelle guerre? En espérant que les gens, catholiques ou protestants, nationalistes ou unionistes ne tiendront pas compte des erreurs de leurs dirigeants, et qu'ils seront un peu plus intelligents que ça (ce dont je doute, au plus profond de moi-même).

D'accord, je l'admets, ce n'est pas très ethnographique comme truc, mais c'était mon coup de gueule de la journée.

salut,
c'est ce qu'on peut appeler de l'anthropologie engagée. bon courage virginie au sein de tout ceci. en tout cas dans ce que tu decris, je n'ai pas l'impression qu'il y ai de la mauvaise volonté dans ce qui est entrepris (bien que je ne connaisse rien au dossier).
pourquoi ne pas proposer a chaque catholique d'offrir une choppe de biere (ou un jus de fruit) a un protestant pour feter dignement la saint patrick et la reconciliation... "I have a dream,..."

Citation :

I have a dream

that one day, everybody will drink beer and stop believe in god...

Drink beer, sans problème, ils ont déjà trouvé comment on fait, stop believe in god, c'est un autre problème...

I noticed that many people had dreams these days...

Mais ca y est, mon coup de gueule est passé, et ce matin, je lis la presse. Et oui, la saint patrick, ça se passe aussi (et sutout) dans la presse ici. Alors allons-y gaiement!

Dans un troquet de Dublin... Avec un grand café.

Trainer dans les bistrots est un des meilleurs moyens de prendre la température d'un pays.

Dublin est un peu loin, mais je dois avouer que j'ai quand même repéré quelques peubs sympas à belfast. Y'a toujours plein de musique, plein de gens qui parlent à tout le monde, et même quand tu ne connais personne, tu repars deux heures après et tu connais tout le monde, et c'est souvent bien plus "irlandais" qu'à Dublin.

Yeah. J'ignore pourquoi j'ai évoqué Dublin. Une envie de bouger par là-bas sans doute.

Cet été peut être...

Et bien bon courage si tu vas à Dublin cet été, et un conseil, pense bien à réserver une auberge avant d'arriver, parce que tu risques de te retrouver dehors. Crois moi, je te parle d'expérience, j'ai débarqué là bas la fleur entre les dents un jour de match de rugny irlande-nouvelle zélande, et j'ai été obligée de supplier un aubergiste pour qu'il me laisse dormir dans une espèce de cagibi...

perso, j'aime pas trop dublin, c'est joli mais pas très intéressant. l'idéal, c'es seulement d'y passer quelques jours, et de bouger un peu, mais vraiment, sans plus. Sauf pour les pubs bien sur!

Salut Virginie
J'espère que tu vas bien et que ça se passe toujours aussi bien pour toi à Belfast.
J'ai pensé à toi ces jours-ci car dans 2000 ans d'histoire sur France Inter, il y a eu deux émissions sur l'Irlande, aujourd'hui particulièrement sur les troubles en Irlande du Nord.
Je crois que tu peux "podcaster" l'émission (c'est à dire l'enregistrer en mp3) sur le site.
A part ça, ici à Lyon, il commence à faire beau, encore frais mais on espère que ça va s'arranger peu à peu !! Le printemps s'installe et ça fait du bien.
Bye
émilie

Ouep, je l'ai téléchargé l'émission, mais pas encore eu le temps de l'écouter. En tous cas, merci pour l'info.

Petit compte-rendu de la saint patrick:

Le jour de la Saint Patrick, le rendez-vous devant le City Hall est donné à 12h45, la parade devant partir à 13h, pour rejoindre Custom House Square où aura lieu le concert prévu pour 13h30. Le trajet est assez court, 800 mètres tout au plus. Mais les gens arrivent bien plus tôt en centre-ville, vers 12h, beaucoup sont déjà présents. Les groupes préparés par la Beat Initiative se tiennent sur la pelouse du City Hall, maquillés, costumés, sur des échasses, des monocycles, portant des drapeaux colorés. Mais les grilles du parc sont fermées, et le public patiente à l’extérieur, sur Donegal Square. Les curieux sont nombreux, qui regardent les groupes se préparer avant le départ du défilé. La foule se rassemble de plus en plus.

Beaucoup portent un bouquet de trèfle frais à la boutonnière, le fameux shamrock que saint Patrick lui-même aurait utilisé pour expliquer le mystère de la Trinité aux païens irlandais. Nombreux aussi sont les costumes de leprechauns, ces lutins irlandais roux, barbus et bedonnants, les autres, presque tous, portent du vert. On constate aussi que malgré les recommandations données dès l’annonce de la parade publique, les tricolores sont partout : drapeaux eux même, chapeaux, vêtements, peints sur les visages.

Ce sont surtout des adolescents et des enfants qui portent ces symboles considérés comme hautement nationalistes à Belfast. Même de très jeunes enfants, dans leurs poussettes, ont des petits drapeaux tricolores à la main, tandis que les parents n’en portent pas. C’est comme s’ils se déchargeaient sur leurs enfants, qu’ils rejetaient toute responsabilité sur ce plan là.

La parade en elle-même n’affiche aucune affiliation politique, ethnique ou religieuse. Les participants au défilé-spectacle portent toutes sortes de couleurs, mais tout semble étudié minutieusement pour que ces couleurs n’évoquent rien de particulier, ce qui est très difficile en Irlande du Nord, où le débat sur le symbolisme est partout, et où les disputes peuvent éclater au moindre écart. Seul l’immense drapeau de la gay pride, qui a obtenu l’accord du City Council pour participer au défilé, évoque clairement une appartenance particulière. Le défilé prend la forme d’un véritable carnaval, avec des numéros de cirque, des ensembles de percussions, des pipe-bands, des danseurs.

La parade affiche le caractère familial voulu dès le départ par les organisateurs, du moins sur le début du trajet jusqu’au site du concert. Certains suivent le défilé après le char qui ferme la marche, une sorte de roulotte décorée de trèfles dans laquelle joue un groupe de reggae. D’autres personnes sont juste arrêtées sur les côtés, et regardent passer la procession, plutôt que de la suivre. On la photographie, on l’acclame, on l’applaudit. Ceux-là semble se placer plus en simples spectateurs, sans prendre véritablement part à la fête, malgré leurs costumes et leurs drapeaux. Il y a beaucoup de sifflets, de cris, d’exclamations en tous genres, comme s’il fallait seulement faire le plus de bruit possible. En revanche, pas de chant dans la parade, juste des cris, des rires. On semble s’amuser, mais à l’excès. Et plus on s’approche du lieu du concert, moins on se contrôle, les quelques familles avec des enfants encore présentes font reculer leurs petits, ou les surveillent de près.

La parade s’arrête à l’entrée de Custom House Square, lieu du concert. Malgré ce que le chahut jusqu’ici pourrait laisser croire, l’entrée sur le site se passe dans relatif calme. Les personnes chargées de l’accueil distribuent des T-shirts du Belfast Saint Patrick’s Carnival à ceux qui n’en possèdent pas encore, ainsi que des drapeaux arborant la croix de saint Patrick ou le trèfle multicolore, emblèmes choisis par le Comité d’organisation, afin de les substituer aux tricolores. Mais ici encore, malgré les règles établies à l’avance, ces tricolores sont encore très nombreux, et les agents de sécurité n’ont pas le cœur de refuser l’entrée à ceux qui les portent. En revanche, si l’on a pu voir quelques maillots de football dans la parade, ils semblent avoir ici complètement disparus sous les t-shirts distribués à l’entrée. Dans la foule qui s’amasse sur le devant de la scène, les symboles nationalistes les plus violents sont encore portés par des adolescents, sans doute dans un simple but de rébellion, de provocation contre l’interdiction lancée par les autorités. Tout près de moi, une jeune fille, de quatorze ou quinze ans tout au plus, porte un bandeau tricolore, surmonté du slogan « brits out now ». Si certains représentants du Sinn Féin ou travailleurs sociaux des quartiers catholiques argueront que cela ne relève que de l’habitude, que les jeunes gens portent toutes les années des symboles affichant leur identité irlandaise à l’occasion de la Saint Patrick, sans en saisir la portée politique, je ne peux m’empêcher de penser qu’à quatorze ou quinze ans, on comprend parfaitement ce qui signifie « brits out now », et que l’on porte ceci sciemment. Je constate par ailleurs qu’au milieu de toute cette ostentation nationaliste, pas un symbole unioniste n’est en vue, pas un Union Jack, pas un drapeau portant la main rouge de l’Ulster.

Avant que le concert ne commence, le « maître de cérémonie » prononce un discours, dans lequel il explique que ce que l’on fête à Belfast cette année, par le biais de la saint Patrick, c’est la culture sous toutes ses formes. Il met notamment l’accent sur la dynamique interculturelle cette ville fabuleuse qu’est Belfast, qui attire tant d’étranger, puisque son cadre de vie ne trouve son égal nulle part dans le monde. La fête de saint Patrick est donc dans cette perspective un moyen privilégié pour faire découvrir aux habitants de Belfast la « culture » de ceux qu’ils côtoient chaque jour, d’où la volonté d’organiser, en plus du concert, des démonstrations d’arts martiaux asiatiques, ou encore de danse indienne. Il est assez étrange de constater avec quelle ferveur on veut intégrer les étrangers à la vie de Belfast, alors même que les deux communautés nord-irlandaises sont incapables de s’accepter mutuellement et de vivre ensemble, ou au mieux s’ignorent.

Cet homme continue son discours en insistant sur le fait que si la saint Patrick est fêtée partout dans le monde, et que si Américains et Australiens pensent que cette fête leur appartient, ils sont dans l’erreur : « It belongs to us » clame-t-il plusieurs fois e suite dans son micro, mais pas une fois il ne prononce ce qui semble être ici tabou, en cette saint Patrick censée être intégrative : les mots « Irlande » et « Irlandais » sont totalement absents de son allocution.

Ici encore, dans le public, beaucoup d’adolescents et de jeunes adultes, du moins devant la scène. Les personnes plus âgées se tiennent en retrait : ceux qui ont tenté de s’approcher au début on bien vite rebroussé chemin dès le début du concert. Tous ces jeunes sont attroupés devant, hurlent, sautent, dansent, bref, semble n’avoir envie que d’une chose à ce moment-là : se défouler. Toujours dans l’excès, ce qui parfois dégénère en comportements violents. Des bousculades au départ amicales se transforment en bagarres, l’alcool aidant. En effet, si l’alcool est lui aussi interdit sur le site de Custom House Square, beaucoup sont déjà ivres et ne se contrôlent plus. Certains on d’ailleurs apporté de l’alcool dans des bouteilles de jus de fruits ou de soda. Crédulité ou indulgence des agents de sécurité ? peu importe finalement… Beaucoup de ces personnes avaient aussi commencé à boire dès le matin, voire la veille au soir. Et ils continueront de boire jusqu’au lendemain matin, car la saint Patrick n’est pas vraiment la saint Patrick si l’on reste sobre !

Grosse catastrophe : un ex-membre du Sinn féin et de l'IRA, qui était en fait un espion britannique, a été tué hier. Du coup, gros mic mac politique entre les responsables de l'Irlande du Nord, de la Grande Bretagne et de la République d'Irlande, et tous clament haut et fort que cela ne doit en aucun cas influer sur le processus de paix. Il est encore un peu tôt ce matin, mais je vais aller voir ça de plus près aujourd'hui, comment la nouvelle est digérée chez les "vrais gens".